Étude des facteurs sociaux et ethnoculturels qui affectent les taux de suicide historiques
Les facteurs sociaux et ethnoculturels sont réputés avoir un impact important sur les variations temporelles des taux de suicide. Le Québec a lui-même connu des variations radicales de ses taux de suicide au fil des décennies : des plus bas taux canadiens durant les années 1960, il a été affecté des plus hauts taux à l’échelle nationale durant les années 1980-1990. Pour ce qui concerne la population non autochtone de la province, les chercheurs des sciences sociales attribuent généralement ces fluctuations à la rapide sécularisation de la société québécoise et aux profondes modifications des rôles et des relations entre hommes et femmes qui y sont survenues.
Récemment, des criminologues, sociologues et historiens de l’Université d’Ottawa, dirigés par dirigés par Patrice Corriveau, Isabelle Perreault, Jean-François Cauchie et André Cellard, s’appuyant sur l’infrastructure technologique disponible au Laboratoire d’analyse historique des régulations sociales (LAHRS) de l’Université du Québec à Montréal, ont débuté la numérisation et la transposition en base de données de tous les dossiers de cas de suicide disponibles dans les archives du Bureau du coroner du Québec pour la période 1763 à 1986.
Les données tirées des quelques 30 000 dossiers de suicide répertoriés constituent une source d’une valeur incalculable pour l’analyse des tendances et des caractères du phénomène suicidaire étalés sur deux siècles, à l’échelle d’une société toute entière, sur un même territoire, pour une population diversifiée aux plans ethnique, religieux, linguistique et socio-économique. Il n’existe à notre connaissance aucune entreprise de recherche sur le suicide de cette envergure, sur un corpus documentaire aussi complet, susceptible de jeter un nouvel éclairage sur la transition d’une représentation juridico-religieuse à une représentation laïque-sanitaire du phénomène suicidaire.
La création de la PARSSQ constitue une ressource incomparable pour l’analyse ethnoculturelle et sociétale du suicide et un complément inespéré aux travaux du regroupement stratégique Dimension psychosociale, éthique et santé autochtone sur les tendances séculaires du suicide, sur ses représentations et ses descriptions par le coroner, les agents de police, les proches, etc., autant que par les personnes décédées elles-mêmes (à travers leurs lettres d’adieu).